samedi 18 février 2017

Quelques réflexions sur un divan...

J'ai 25ans et j'ai peur de l'avenir.

Quand j'ai eu 18ans, je croyais tout savoir. Rien ne m'effrayait.
Oui, j'ai eu un âge où l'on rêve de tout alors que l'on ne sait rien. Où l'on est persuadé que l'on va visiter le monde avec son sac à dos, et où les responsabilités ne sont que des chimères ne polluant pas plus notre esprit que notre perception de l'avenir.

J'ai eu un âge où j'ai cru que mon bulletin de vote choisi scrupuleusement dans un isoloir changerai quelque chose à la face du monde.
Où j'ai pensé naïvement que la politique était une question de conviction et de choix éthiques où l'on désigne son porte parole.
Des attentats et quelques poignées de mains (ensanglantées) médiatisés plus tard, j'ai compris qu'il n'en était rien. Qu'un chiffre sur un compte en banque peut l'emporter sur l'Humain, que pour une poignée d'euros certains n'iront jamais en prison, et qu'à l'autre bout du monde, des enfants innocents font face au tourisme de consommation.
J'ai compris que cela ne changera pas tant que nous travaillerons 5 jours sur 7 pour que le week-end venu, nos gosses se gavent de McDonald's devant un Pixar, tandis que nous projetons de nous endetter pour une berline toutes options, promotion sièges en cuir ON.

J'ai eu un âge où j'ai aimé quelqu'un qui me tuais à petit feu. Où j'ai réussi à perdre cette partie de moi que je retrouve progressivement depuis que ma fille est venue au monde. Il m'a fallut pas moins de 7ans pour me remettre à écrire.. ça paraît beaucoup, mais croyez le ou non, ça passe à une vitesse folle.

J'ai eu un âge où j'ai fais de la peine à des personnes qui ne le méritaient pas. Où l'on m'a donné plus de crédit que ce que je ne méritais réellement,  où j'ai pu être décevante aux yeux de ces mêmes personnes.
J'arrive à un âge où j'ai fais la paix avec moi même, et avec ceux qui m'en ont voulu. Même si je ne leur ai pas exprimé mon mea-culpa , je profite de ces mots pour le faire car je ne suis pas parfaite, et parfois, il vaut mieux laisser le temps m'expliquer certaines subtilités de la vie qui ont pu m'échapper autrefois.

J'ai eu un âge où j'ai coupé le cordon ombilical avec ma mère, avec toutes les questionnements que cela implique. J'ai fais ma route avec toujours une pensée pour elle, sans avoir à l'appeler quotidiennement pour qu'elle en soit consciente. J'ai eu un âge où j'ai constater qu'il est physiquement impossible qu'elle soit là h24 pour moi, où me faire une raison sur un tas de choses paraissait être la solution à ma rancoeur.
J'arrive à un âge où je reconnais mes torts, mais où j'essaie de me servir des leçons tirées de mon vécu pour ne pas perpétuer les mêmes erreurs.



J'arrive à un âge où plus rien ne me paraît évident. Où chaque jour qui passe me mène vers un questionnement permanent. Que vais-je faire ? Qui vais-je devenir? Qui sera là demain?
J'arrive à un âge où, comme dirait Socrate, je sais que je ne sais rien. Ou l'idée même de prendre des initiatives implique un questionnement incessant dans mon esprit.
J'arrive à un âge où le doute chaperonne mes expériences passées, présentes et futures.
J'arrive à un âge où j'ai compris que rien ne compte plus que l'avenir de ma fille. Où je me suis fait la promesse de préserver son innocence, son enfance de toutes les choses auxquelles j'ai pu être confrontée.
J'arrive à un âge où je réalise qu'elle me prendra pour exemple, ce qui implique que je réfléchisse à deux fois avant d'agir.
Je suis à un âge où je sais ce que je veux, et je sais qui je veux être quand il s'agit d'elle. Je me dois d'être son pilier, et je crois que c'est bien la seule chose dont je suis réellement sûre et certaine dans cette aventure tumultueuse qu'est la vie.

Si désormais, chaque faits et gestes peut avoir des conséquences plus importantes que jamais, c'est l'amour de ma fille qui m'aidera à trancher...
Alors j'ai des pistes. Des éléments de réponses, qui me permettent de garder la tête froide.

Et c'est en me posant ces questions que j'ai compris que la grande énigme de ma vie se résumait en un mot: la confiance.
En effet, comment être confiante si mon premier pilier n'a jamais prononcé cette phrase en y croyant réellement : "J'ai confiance en toi".

Comment accorder du crédit aux auspices si ce concept de confiance m'est si étranger ?
Comment avoir confiance si je me suis investie par le passé avec la mauvaise personne ?
Comment être confiante lorsqu'on t'a fait croire que tu n'étais pas capable par le passé?


C'est très simple. Il m'a fallut rencontrer la bonne personne.
Encore faut-il reprendre ce concept de "bonne personne". Car non, cela ne signifie par "homme ou femme parfaite" mais cela représente l'homme ou la femme dans sa dimension la plus humaine soit-elle, ses qualités et ses défauts all inclusive.
Il n'est pas parfait, il y a même des jours où je crois que l'on pourrait s'entretuer en un croisement de regard tel un duel starring John Wayne.
Mais c'est simplement lui qui m'a fait croire en moi en trouvant les bons mots aussi simples soient-ils. C'est lui qui me reprend quand je doute de moi, quand j'emploie les mots d'un(e) autre pour parler de moi, de mes erreurs ou de mes craintes.
C'est lui qui devine mes pensées quand mon regard est lointain, et pour cela, même si la confiance n'est pas totalement acquise, je ne peux que ressentir une entière

 g r a t i t u d e .



Une maman ordinaire.

samedi 10 décembre 2016

Quand les bras de Morphée sont introuvables

Désolée mon amour

Ce soir j'étais persuadée que nous étions prêtes. J'ai cru avoir les épaules assez solides pour passer outre tes cris et tes pleurs. Ce soir, j'ai voulu te mettre dans ton lit. Je savais que ça allait être compliqué. Car à 15mois tu n'as jamais été bien dans un lit de bébé.

Cependant, ce soir,  j'avais vraiment envie de passer le cap, pour trouver un meilleur sommeil. Tu sais j'adore dormir avec toi mon amour, mais Maman est fatiguée ces temps ci et dort très mal. Cela fait bien longtemps qu'elle n'a pas dormi seule dans son lit et qu'elle n'a pas connu une vraie nuit de sommeil. C'est pourquoi maman t'a déposée dans ton lit à barreaux, en espérant que tu trouves le sommeil. Tu as lutté ce soir contre la fatigue, frustrée et apeurée de ne pas te blottir contre moi ce soir pour trouver le sommeil. J'ai voulu tenir bon, épuisée de ne pas pouvoir me poser tranquillement dans la pièce d'à côté. J'ai gardé mon sang froid devant toi, à venir te parler et te donner la sucette .
Au final, j'ai pris le temps de me poser cinq minutes, tu avais l'air de te calmer, mais quand je suis revenue, tu as recommencé de plus belle. J'ai cru que j'allais craquer. Alors je suis sortie. J'ai fermé la porte derrière moi. Ton père est arrivé en colère, on a échangé des mots. Ce n'était pas de ta faute mon ange, mais Papa et Maman sont parfois dépassés.
Papa est revenu dans ta chambre, Maman s'est cachée dans sa couette le temps de faire le vide. Et puis, une éternité s'est écoulée. Et tu es revenue près de moi, à moitié somnolente, transportée dans les bras de ton père.
Par réflexe, tu t'es blottie contre moi, frottant ton petit nez contre ma poitrine pour téter.

Ce soir, mon amour, Maman a compris. Oui, j'ai compris qu'il n'y avait pas de norme préétablie pour que la paix règne dans notre foyer.
Tu es là, contre moi, apaisée . J'écris ces mots alors que ton petit souffle caresse mon épiderme.
Je vais enfin pouvoir m'endormir à mon tour, avec le regret de t'avoir fait de la peine. Je sais que tu ne m'en veux pas, je peux le voir à ton petit sourire en coin.

Merci pour ça mon ange, car Maman s'en veut de ne pas toujours te comprendre.

Fais de beaux rêves.
Je t'aime.

Ta maman ordinaire.

samedi 22 octobre 2016

Quatre mois pour changer ma vie

Samedi 22 octobre 2016. Il est 23h15.

J'ai passé une année de dingue. Littéralement.
Il y a un an, je devais sûrement être en train de négocier avec ma fille pour qu'elle trouve le sommeil, la larme à l'oeil et la fatigue sur les épaules.
Aujourd'hui, je suis dans mon lit et je sens son petit souffle contre moi. Quel bonheur de ne rien faire, d'être au calme avec ceux que j'aime.
J'ai mis du temps à reprendre le blog. J'ai eu énormément de choses à faire. Et trop peu de temps pour écrire.

Depuis cet été, Elena a soufflé sa première bougie, elle a appris à marcher. Huit dents et demi au compteur. Elle sait dire papa, maman, Tata, et bonjour . Toujours allaitée, le cododo reste de la partie.

Aujourd'hui j'avais envie d'écrire . Juste pour exprimer ma joie .
Il y a des jours sans et il y en a d'autres  où tout va bien. Personnellement, j'avais envie d'immortaliser celui là.

Aujourd'hui, ça fait quatre jours que j'ai les résultats de mon concours : je suis admise au crfpa.
Pour ceux qui l'ignorent, le crfpa c'est le centre régional de formation de la profession d'avocat.
J'ai passé cet examen (enfin plutôt concours mais faut pas trop le dire) sans trop de convictions.
J'ai toujours voulu être avocate . Enfin plus ou moins. Disons que j'ai toujours eu de l'ambition dans ma vie, et que parmi le panel de métiers qui me faisait vibrer, celui ci logeait dans mon top 3. J'ai toujours aimé étudier. J'ai une soif de connaissances que je dois à ma mère et ma grand mère, qui ont toujours su cultiver ma curiosité et le plaisir de lire.
Du coup. Après mon master de droit, j'ai rencontré mon amoureux . On a eu assez vite notre bébé, et j'ai pas pu me présenter à l'examen car mon accouchement était prévu pendant les écrits. Du coup je m'étais réinscrite à la fac sans trop y croire en me disant tout le long de l'année ' tu verras bien en septembre si tu le passes'. Avec un bébé à la maison. C'est pas forcément évident d'aller en cours. Donc j'ai un peu trié sur le tas, déjà qu'on en avait pas beaucoup... Je n'avais pas envie de me séparer de ma fille plus de 5h dans la journée.
Bref, tout ça pour dire que même si j'avais l'espoir d'avoir cet examen, j'ai tellement douté de mes capacités que je m'étais résignée à ne rien faire jusqu'en juin ou je me suis dit qu'il serait dommage de ne pas le présenter ad minima.
Alors j'ai acheté des bouquins. Et j'ai commencé à ficher. En juillet , j'ai bossé avec une copine de fac avec qui l'on avait beaucoup plus tendance à se raconter nos vies plutôt que de s'immerger totalement ...  souvent, les étudiants en droit ont le défaut de manquer de motivation jusqu'à ce que ce soit le temps qui manque à l'appel. C'est le fameux syndrome de la procrastination.
Puis très rapidement est arrivé le mois d'août. Ma copine était partie en vacances, et j'étais là, tiraillée entre l'envie d'aller à la piscine et l'envie de me donner les moyens de me présenter au concours. Même si je n'attendais rien de celui-ci, j'avais envie de voir ce dont j'étais capable.

J'adore être maman, m'occuper de ma fille... Mais j'avais besoin de me confronter à quelque chose qui me stimule intellectuellement. De sortir de ce quotidien de couches, câlins, tétées et purée pour me replonger dans ce qui a conservé ma matière grise ces six dernières années : le droit.
Alors dès que la petite faisait la sieste, j'ai pris mes annales de droit des obligations, et j'ai commencé par là:  à m'entraîner au commentaire d'arrêt à chaque fois que j'ai révisé une thématique de la matière. Il fallait que je sois capable pour le jour j, de lire un arrêt de la Cour de cassation pour en sortir une introduction et un plan détaillé en maximum une heure. À force d'entraînement, mon cours était appris et ma méthodologie acquise. Nous étions fin août, les examens commençaient mi septembre.
J'ai continué mes révisions. Je m'organisais toujours de la même manière, soit ma soeur me gardait ma fille et j'allais réviser chez ma copine. Soit je bossais quand Elena siestait ou le soir pendant son gros dodo... J'ecourtais mes nuits en me couchant à 1h, j'étais épuisée, mais en même temps excitée de relever le challenge.
J'ai eu des jours de procrastination. J'ai eu des jours où l'envie de passer plus de temps avec Elena prenait le dessus sur toute la motivation possible et imaginable. Alors j'ai pris du temps pour elle, pour lui. Pour nous. Mais je me suis refusé de culpabiliser pour autant car il me paraissait évident que pour pouvoir être au maximum pendant les révisions, j'avais besoin d'eux pour me booster.

Je dois avouer que certains jours, j'ai eu envie  de tout plaquer car je n'arrivais plus à intégrer les notions de cours, car je lisais les annales et je me rendais compte que certains sujets étaient tordus... Mais j'ai surmonté mon manque de confiance en moi jusqu'à l'échéance. Avec ma copine, l'imminence de l'échéance nous faisait plonger le nez dans nos cours, espérant que les sujets soient surmontables.

La note de synthèse.

Nous avons commencé l'examen par la tant redoutée note de synthèse. Je n'en avais jamais fait une en entier, et j'avais assisté aux galops d'essai pendant 3h au lieu de 5... Ça aurait été décisif, mais quelques jours auparavant j'ai eu la curiosité d'aller sur le site de l' enm voir les meilleures copies de note de synthèse. J'ai compris l'esprit de l'exercice recherché par les professeurs. L'important étant de citer tous les documents sans rajouter d'informations personnelles dessus .
En distribuant les sujets, le professeur a insisté sur le fait que la forme prendrait une place prépondérante sur la notation. J'ai compris qu'il fallait soigné l'orthographe et le style, sans dépasser la copie double et l'intercalaire autorisés.
Le sujet de la note de synthèse était "l'utilisation des technologies dans le monde du travail".
Le corpus de textes était assez long et technique. Pendant ma rédaction j'ai eu deux ou trois fois envie de rentrer chez moi .
Mais j'ai tenu bon.
Je suis sortie de l'examen épuisée et sceptique. Mais j'étais fière du soin que jai apporté à ma copie et surtout d'avoir fini dans les temps.
Le plus dur m'attendait le lendemain.

Le droit des obligations et la procédure administrative .

Les sujets ont été bâtards.
Pour le droit des obligations, après s'être entraînée tout l'été sur le commentaire d'arrêt, le type d'exercice s'est avéré être une dissertation.
Ni une ni deux. Je me suis entièrement consacré à la dissertation (les nouveaux remèdes au déséquilibre contractuel) et ce, quitte à mettre de côte la procédure. J'ai rédigé pendant trois heures, il me restait moins de deux heures pour le cas pratique.
J'étais déçue des questions du cas pratique de procédure, mais c'était ainsi.
Je suis sortie de l'examen dégoutée et persuadée que c'était foutu pour moi.

La spécialité : le droit de l'Union européenne

Ce samedi matin, notre professeur nous a donné un commentaire de texte assez simple de compréhension. C'était un extrait d'arrêt de la cour de justice de l'Union européenne traitant du triangle institutionnel. J'ai essayé de ramener des notions de cour et des éléments du traité (on y avait droit pendant l'examen).  J'ai essayé de travailler mon plan pour rendre ce sujet un temps soit peu sexy.
À l'issue de l'épreuve, j'ai foncé jusqu'à ma voiture avec mon amie pour pouvoir rentrer vite. J'étais lessivée.
Une fois chez moi, je me suis foutue en pyjama, je suis restée avec les enfants et mon fiancé en mode loque. C'était derrière moi, enfiiin je pouvais souffler.

Il y a eu trois semaines entre les écrits et les résultats. Plus le temps passait, plus l'évidence d'échouer aux écrits ne me donnait pas envie de réviser les oraux . Dieu merci, avec le recul, je m'étais fait dispenser de deux matières grâce aux notes que j'ai eu pendant mes années d'études . Il ne me restait "que" l'anglais, le droit pénal (avec le recul j'aurais du choisir autre chose) et le grand oral à réviser.
Au bout d'une semaine de procrastination intensive, j'ai eu un sursaut de conscience. Un ami qui suit une prépa m'a envoyé ses cours de droit pénal que nous avons potassé avec ma copine . Je m'arrachais les cheveux pendant qu'elle survolait la matière.
C'est comme ça. Nous ne sommes pas tous égaux face aux connaissances et à l'aisance. J'étais une publiciste, j'aimais le droit pénal mais je n'étais pas une bête de concours en cette matière.

Le jour des résultats

J'ai traîné les pieds.
Mon homme et ma petite fille mont accompagnée.
J'étais stressée. Et à la fois, j'avais tellement peu d'espoir de valider que je n'y croyais pas. Mais vous savez, il y a toujours cette petite voix intérieure qui dit "et pourquoi pas". C'est cette petite voix qui fait tenir et qui permet d'avancer, sinon j'aurais abandonné bien avant.
Lorsque le jury est venu proclamer les résultats des admissibles, j'avais mon bébé dans les bras comme un enfant tient son doudou. Et rapidement, j'ai entendu mon nom. J'avais l'impression de rêver . Je me suis tournée vers mon homme il m'a dit "félicitations".
Je n'y croyais pas. J'allais passer les oraux. J'avais le droit de faire mes preuves. J'ai été assez convaincante pour aller au bout.
Mon bonheur était partagé avec la peine de voir que ma binôme n'était pas reçue.
Elle m'a dit d'y aller à fond et de ne pas me rater sinon elle ne me raterai pas.
J'ai acquiescé.

Les oraux.

Trois jours après, je passais mon oral de droit pénal.
C'était une catastrophe, malgré toute la bonne volonté du monde , on ne parlait pas la même langue. Dépitée en sortant de l'épreuve, j'ai commencé tous les calculs savants possible et imaginables afin de voir quelle note je devais obtenir en anglais pour rattraper cet ersatz d'oral.

Quelques jours plus tard. J'ai passé mon oral d'anglais sans heurt. J'ai pioché mon sujet, je suis tombé sur un texte très technique, mais vu que l'anglais c'est mon dada je ne me suis pas laissee démonter. On a discuté avec la prof de la pluie. Du beau temps, de ma fille, de ma déception en oral de pénal, de ce que je voulais faire si je n'avais pas le precapa. Bref. J'avais l'impression d'être assise à une terrasse avec une copine de longue date (faut dire que j'ai cette prof depuis ma première année de droit et qu'on s'apprécie mutuellement). Elle m'a encouragé à tout donner pour le grand oral. J'étais boostée comme jamais, j'ai foncé dans les révisions autant que j'ai pu.
Il me restait 9jours.

Le grand oral.

La veille j'ai dormi chez ma mère car je devais partir à l'aube et que mon frère m'a proposé de m'emmener. J'avais passé un week-end difficile. Je n'arrivais plus à rien intégrer et ma fille faisait ses dents, c'est dire si les évènements n'étaient pas en ma faveur .
J'étais tétanisée à l'idée d'être jugée et de passer ce fameux "grand oral", moi petite maman étudiante sans prétention aucune ... Je me suis fait tout un monde de l'épreuve, alors que j'adore la matière de droits fondamentaux . Pour me déstresser, ma mère me disait que j'avais connue la douleur de l'enfantement, et que rien ne pouvait être pire que cela ...  même si la comparaison me faisait sourire, mon stress reprenait vite le dessus.
Le matin même, ma sœur et mon frère m'ont accompagnée pour me soutenir. J'ai eu le droit à un coaching digne des plus grands champions. Je me devais de faire face à mes craintes pour eux.
7h30. J'arrive dans la salle de préparation avec les codes.
On me demande de piocher mon sujet.
Je choisi le numéro 8, car ça a toujours été mon numéro fétiche et que ma fille est née un 8 septembre.
Ironie du sort : je tombe sur le droit à la mort.
J'ai eu de la chance. Car c'est le sujet sur je maîtrisais le plus.
Pendant la préparation, j'ai perdu pas mal de temps sur le développement du coup je n'avais pas d'introduction de rédigée. J'ai cru que j'allais pleurer. En partant, je me suis répétée mille et une fois que j'allais assurer. Qu'une introduction ça s'improvise (après coup : ça ne s'improvise pas lol) et que j'allais obtenir ce foutu precapa.
En arrivant devant l'amphithéâtre, il n'y a pas foule. Mes frères et sœurs, ma copine, et une jeune étudiante qui me demande poliment d'assister au grand oral.
J'ai de la chance. On est en famille. Ça aide à se sentir à l'aise.
On m'appelle. J'avance. Je souris. Je salue.
Je commence. Difficilement. On voit bien que je n'ai pas de notes. Que je suis maladroite. Je sors ma problématique.
Et au fur et à mesure de mon développement je gagne en confiance et en aise. J'arrive à la fin des 15mins de présentation. On me coupe. De toute façon j'avais fini. On me pose un tas de questions. Assez simples, un petit piège par ci par là. Mais je ne me laisse pas démonter et j'argumente en tant que juriste et citoyenne.
La magistrate me met vite à l'aise, l'avocat aussi. On me demande entre autre la profession de Robert Badinter, la composition de la Cour d'assises, on me demande mon avis sur la peine de mort, sur les confessions de François Hollande et le fait qu'il ait pu commanditer des meurtres. Je parle du statut de Rome. De la cour pénale internationale. Je vois la magistrate sourire. Je suis soulagée.
Les membres du jury ne savaient plus quoi me poser comme question.
Ils me remercient. Je ressors de là fière d'avoir fait face et de ne pas avoir tourné les talons. De ne pas avoir cédé à la panique.
J'étais fière d'être allée au bout des choses car ce n'était pas si terrible que ça.
Mes frères et soeur étaient fiers de moi. Ma copine aussi.
Dans tous les cas, j'avais conquis le meilleur des jury.

18h. L'heure fatidique.
De retour à la faculté, j'ai ma fille dans les bras. Mon amoureux, mon frère et ma soeur avec moi. Ma copine a fait le déplacement.
Je me décompose. J'ai envie de pleurer. Plus les heures passaient plus je me rendais compte de mes défauts. De ce que j'aurais pu dire. Des coquilles que j'ai prononcé pendant mon discours.
On entre dans l'amphithéâtre après toute la promotion.
Les membres du jury nous ont épargné un discours insupportable et sont allés rapidement à l'essentiel.
Du fait de l'ordre alphabétique j'allais rapidement être fixée. Deuxième sur la liste j'entends mon nom comme une douce mélodie . Je sers fort ma fille dans mes bras. Mes proches ont la banane, moi aussi.
17 admissibles. 17 admis.
C'est un sans faute pour notre promotion.
Quelle joie ! Quel soulagement.

Quatre jours plus tard

Je n'en reviens pas. Je suis tellement fière de moi, tellement heureuse de me dire que je vais devenir avocate. Que d'ici deux ans je vais travailler officiellement  comme praticienne du droit. C'est juste une joie incommensurable. Moi qui ai toujours eu tendance à me descendre et manquer cruellement de confiance en moi; c'est officiel.  Je vais devenir élève avocate puis on pourra m'appeler Maître à la fin de mon cursus. Lol blague ultime . Vous êtes sûrs qu'on parle de moi? MOI????
C'est juste incroyable.
C'est une première dans ma famille.
Je ne suis pas la fille de. J'ai toujours été obligée de travailler pour financer mes études. J'ai fais pas mal de concessions pour pouvoir allier vie de maman avec vie étudiante. J'ai essuyé tellement de critiques, on a essayé de me mettre des bâtons dans les roues mais j'ai la chance d'être bien entourée. Et je suis malgré tout en train de toucher du bout du doigt un rêve éveillé, et il m'appartient de le poursuivre coûte que coûte. Je le dois bien à ma fille, mon chéri, et toute ma famille. Je leur dois à tous cette réussite car je puise en chacun de mes proches la force d'avancer. Chacun a joué un rôle dans cette réussite. Et à chacun je dis merci 💜.
Je ne vous cache pas qu'il  y a eu un tas de fois où j'ai eu envie de tout envoyer promener et abandonner. Mais j'ai tenu bon. Et je suis là dans mon lit en train d'écrire mon bonheur.
Je ferais tout pour être à la hauteur. C'est sûr.

C'est un chapitre qui se ferme pour moi.
Un nouveau livre s'écrit.
Au revoir l'Université.
On en aura passé de belles années ensemble. Merci pour tous ces moments.

Si depuis toujours, ma mère me taquinait en m'appelant Maître, je commence à croire que la pensée créée.

Une maman ordinaire.

vendredi 8 juillet 2016

Dix mois que tu m'aimes.


Quand j'étais enceinte, j'ai tellement essayé d'imaginer le moindre trait de ton visage, j'ai tellement façonné ton visage dans ma tête, le ressenti de ton toucher, que j'ai réussi par me persuader avant même de croiser ton regard que l'on pouvait aimer un être avant même de l'avoir rencontré.

Nous sommes le 8 juillet 2016, et aujourd'hui ma fille, tu as dix mois. Voilà deux jours que j'ai soufflée ma 25e bougie et j'ai l'honneur d'être la maman d'une petite fille formidable. Il n'y a aucun mot capable d'exprimer combien tu apaises mes plaies les plus profondes, aucune formule exacte pour décrire ce que ton papa et moi ressentons pour toi, aucune montagne assez haute pour égaler cet amour comme dirait la chanson...
Dix mois, l'âge qui me fait réaliser combien le temps passe vite et comme tu évolue du stade poupon à jeune fille. Mon cœur est rempli d'un amour incommensurable chaque fois que tu fais une prouesse dont toi seule a le secret, chaque fois que tu grimace et que tu recommence en voyant que ça me fait pouffer, chaque fois que ton petit rire étouffé égaie notre maison, chaque fois que ton petit index boudiné parcoure mon visage et qu'il finit par me crever un œil malencontreusement :) . Même ces petites maladresses me font fondre car elle représentent la quintessence même de ta pureté, et pouvoir les vivre c'est comme avoir accès au plus beau spectacle qu'il me sera jamais donné de voir.
Tu as dix mois, tu pèses 10,300 kg et tu mesures 74cm.
Voilà à quoi se résume ma vie: des variables qui veulent tout et rien dire, mais qui signifient tout pour moi. Autant par ce qu'elles représentent que par la fierté que j'ai de lire ton petit carnet de santé en remerciant le Ciel de te garder en forme pour apprécier le monde qui t'entoure et que nous te façonnons Papa et moi.
On ne sera parfois pas à la hauteur,  d'ailleurs pardonne nous nos faux pas ma vie... Mais laisse nous te promettre que nous ferons toujours de notre mieux.
Bientôt tu auras un an.
Bientôt tu feras tes premiers pas.
Dix mois que tu m'aimes. Je le sais, t'es petits yeux en amande me l'ont dit déjà. Merci pour ces jolies ailes que tu me donnes. Merci de me redonner confiance en moi.
À toi ma poupée.
A nous.

Une maman ordinaire.